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Sittelle torchepot Sitta europaea
Un individu de la sous-espèce
Sitta europaea caesia photographié dans le
Kent (Royaume-Uni).
LC :
Préoccupation mineure
La
Sittelle torchepot (
Sitta europaea), est une
espèce d'
oiseaux de la
famille des
Sittidae. C'est une sittelle de taille moyenne, mesurant
14 cm
de longueur. Comme les autres sittelles, c'est un oiseau trapu à la
queue courte et au long bec. Les parties supérieures sont bleu-gris, les
parties inférieures de couleurs très variables selon la géographie, et
peuvent être blanc pur ou roux jaunâtre, avec ou sans zone pâle sur la
joue. L'oiseau a également un trait oculaire noir, et présente un
certain
dimorphisme sexuel,
le mâle ayant des couleurs plus prononcées que la femelle. C'est un
oiseau bruyant, au répertoire varié, émettant divers types de chants, en
vuih, vuih, vuih, vuih… et, en cas d'excitation ou d'alerte, de longues séries de cris sonores en
tuit répétés rapidement. Comme les autres membres de son
genre,
c'est un oiseau très agile qui escalade les arbres avec facilité,
descendant parfois le long des troncs d'arbres tête la première.
Ce
passereau se nourrit principalement d'insectes, notamment de chenilles et de
coléoptères
qu'il trouve sur les troncs et les branches des arbres. En automne et
en hiver, son régime est complété de fruits secs et de graines. L'espèce
visite volontiers les mangeoires à oiseaux. Cette sittelle fait souvent
des réserves de nourriture, en cachant, par exemple, des graines dans
l'écorce des arbres. La Sittelle torchepot vit en couples territoriaux
en période de reproduction. Le couple fait son nid dans un trou d'arbre,
souvent un ancien nid de
pic,
ou parfois dans une cavité naturelle. Si l'entrée est trop large, la
femelle en maçonne l'entrée avec de la boue, pratique qui lui vaut son
nom de « torchepot ». La ponte compte six à neuf œufs blancs, tachés de
brun. La femelle couve seule durant deux semaines ou davantage, étant
alors nourrie par le mâle. Après l'éclosion, les deux parents alimentent
les jeunes, presque exclusivement d'insectes, et n'élèvent généralement
qu'une couvée par an. En dehors de la saison de reproduction, c'est une
espèce très sociable qui se joint volontiers à des
volées mixtes d'alimentation. Son principal prédateur naturel est l'
Épervier d'Europe (
Accipiter nisus).
La Sittelle torchepot peuple toute l'Eurasie tempérée et quelques
localités des montagnes marocaines. Ses habitats privilégiés sont les
forêts mixtes ou de feuillus avec de grands et vieux arbres, notamment
des chênes, mais on l'observe aussi communément dans les parcs et les
grands jardins. Elle vit jusqu'à 1 500 mètres d'altitude en Europe et
Asie tempérées. Si le
Congrès ornithologique international reconnaît quinze
sous-espèces, on en distingue parfois jusqu'à
plus de vingt.
Elles peuvent être classées en trois groupes ; les oiseaux de l'Ouest
de l'aire de répartition ont les parties inférieures orange chamoisé
avec la gorge blanche, ceux du Nord de l'Europe et jusqu'en Russie ont
les parties inférieures blanches et ceux encore plus à l'est sont
similaires aux ouest-européens, sans la gorge blanche. La
Sittelle de Sibérie (
S. arctica), est parfois reconnue comme espèce proche mais distincte, ou parfois considérée comme sous-espèce de
S. europaea.
La Sittelle torchepot jouit d'une aire de répartition extrêmement vaste
et ses effectifs importants sont globalement stables ; l'
Union internationale pour la conservation de la nature considère donc cet oiseau comme de «
préoccupation mineure ».
Description
Plumage et mensurations
Un individu de la sous-espèce
Sitta europaea caesia en vol, en
Allemagne.
La torchepot est une sittelle de taille moyenne, le mâle adulte de la sous-espèce type
S. e. europaea mesurant
14 cm de long pour une envergure de
22,5−27 cm1, et un poids de
17−28 g.
Les parties supérieures sont bleu-gris, la tête porte un trait oculaire
noir. Chez la sous-espèce nominale, la gorge et les parties inférieures
sont blanches mais sont, selon le sexe et la sous-espèce, plus ou moins
claires et teintées de chamois. Les flancs et le bas-ventre sont rouge
orangé, avec des taches blanches sur les sous-caudales. Le bec est
robuste, gris foncé avec la base de la mandibule inférieure plus claire.
L'
iris est marron foncé, et les pattes et les doigts sont marron clair ou grisâtres
2.
Les différentes sous-espèces a ventre blanc se distinguent souvent par
des nuances de teinte des flancs et des parties inférieures
3.
S. e. caesia,
la plus répandue des sous-espèces occidentales, a les parties
inférieures chamois orangé et une gorge et des joues blanches. Les
autres sous-espèces de l'Ouest de l'Europe diffèrent par les tons précis
de leurs parties inférieures, quand les formes du Sud-Est présentent un
front et un sourcil blancs.
S. e. sinensis et
S. e. formosana, respectivement de Chine et de Taïwan, ont des parties inférieures entièrement chamoisées, sans la gorge blanche
3.
En vol, l'apparence de l'oiseau est caractéristique, avec une tête
pointue, des ailes arrondies et une queue courte et carrée. Le vol est
rapide et généralement de courte durée, et la sittelle referme ses ailes
entre deux battements
1.
Une femelle de la sous-espèce
S. e. europaea, en
Suède. Noter le sourcil brunâtre.
La femelle est assez semblable au mâle, mais peut néanmoins s'en
distinguer par ses parties inférieures un peu plus pâles, un trait
oculaire tirant sur le marron et des flancs et un bas-ventre aux
couleurs plus lavées
2. Chez la sous-espèce
S. e. asiatica,
certains mâles ont les parties inférieures chamoisées comme les
femelles et leur sexe est difficile à identifier sur le terrain
3. Le jeune ressemble à la femelle, mais son plumage est plus terne et ses pattes plus pâles
2.
Il est possible de déterminer avec certitude qu'un jeune est femelle
lorsqu'il est âgé de 12 jours par ses flancs plus pâles et plus
chamoisés, ou, chez certaines sous-espèces à poitrine blanche, par
l'aspect plus crémeux de ses parties supérieures
4. Les adultes connaissent une
mue
post-nuptiale complète qui s'effectue en près de 80 jours, entre fin
mai et fin septembre. En Sibérie, cette mue est plus rapide et a lieu de
juin à mi-septembre. Les juvéniles prêts à l'envol ont une mue de
quelques-unes de leur couvertures alaires à l'âge de huit semaines
3.
Espèces similaires
Dans
la plus grande partie de son aire de répartition, la Sittelle torchepot
est la seule sittelle présente. Dans le Sud-Est de l'Europe et le
Sud-Ouest asiatique, la
Sittelle des rochers (
S. tephronota) et la
Sittelle de Neumayer (
S. neumayer)
peuplent les milieux rocailleux, sont plus grandes et plus pâles que
l'espèce eurasiatique et n'ont pas de points blancs sur la queue. Dans
la même zone, la
Sittelle de Krüper (
S. krueperi) est plus petite, avec une calotte sombre et une grande tache rousse sur la poitrine. Dans le Sud-Ouest de la Chine, la
Sittelle des Naga (
S. nagaensis)
est très semblable à la torchepot, mais a les parties supérieures plus
foncées, a moins de blanc sur la face et a des parties inférieures plus
grisâtres
3. La
Sittelle de Sibérie (
S. arctica)
était autrefois considérée comme sous-espèce de la Sittelle torchepot
mais en diffère assez nettement, étant plus grande, pâle, avec un trait
oculaire plus court et moins épais, un bec plus long et au culmen droit,
et plus de blanc dans la queue que n'importe quelle autre sous-espèce
5.
- Autres sittelles dont l'aire de répartition chevauche celle de la Sittelle torchepot
-
-
-
-
-
Écologie et comportement
Voix
La Sittelle torchepot est un oiseau aux cris sonores, qu'on entend à longueur d'année
6 ; elle est souvent d'abord repérée à sa voix. Son répertoire est varié, et comprend un simple
zit aigu ou
ziit plus étiré lorsque l'oiseau est en quête de nourriture,
« un tuit énergique, très sonore, ou tchuit vaguement montant, souvent répété en groupes brefs avec de courtes pauses » si l'oiseau est excité ou en guise de cri d'alarme
7. Le chant est variable, mais toujours sonore et constitué d'une lente série de sifflements clairs, légèrement modulés
8,7. Ils peuvent être montants en
« vuih, vuih, vuih, vuih…, ou descendants viiu, viiu, viiu, viiu…, ou en trille rapide, vivivivivivivi… à sonorité claire »7,6. Quelques
sonagrammes de cris et de chants de la
Sittelle de Sibérie (
S. arctica) sont publiés en 1996
9, et la voix est décrite comme
« différant nettement » de celle de la torchepot, mais sans précision supplémentaire
10,11.
Nourriture
Une Sittelle torchepot à une mangeoire.
La Sittelle torchepot se nourrit surtout d'insectes, notamment de chenilles et de
coléoptères. En automne et en hiver, elle complète son régime alimentaire de
fruits à coques et de graines, et notamment de noisettes et de
faînes.
Les parents nourrissent principalement leurs jeunes d'insectes et de
peu de graines. L'oiseau trouve sa nourriture le long des troncs d'arbre
et des branches, mais les petits rameaux sont aussi prospectés et la
nourriture peut être trouvée au sol, notamment en dehors de la saison de
reproduction. Comme toutes les sittelles, elle peut descendre des
troncs la tête la première, ou y grimper. Certaines proies sont
attrapées en vol, et la sittelle peut arracher des bouts d'écorce pour
attraper des insectes, bien qu'elle ne puisse pas excaver dans le bois
sain comme le ferait un pic. Les couples peuvent se mêler à des
volées mixtes d'alimentation, si l'une passe près de leur territoire
2. La Sittelle torchepot vient aux
mangeoires
et se montre alors agressive, repoussant les autres espèces d'oiseaux.
Elle peut aussi visiter les tables et consommer de la graisse, du
beurre, du fromage ou du pain
12,13. On l'a même observée dans un abattoir emporter des abats
13. Elle coince les grosses noix et les gros insectes dans l'écorce pour les écraser à l'aide de son solide bec
14.
La Sittelle torchepot fait des réserves de nourriture tout au long de
l'année mais surtout en automne. Elle coince des graines dans l'écorce
des arbres, parfois dans des murs ou au sol, et les cache à l'aide de
lichen, de mousse ou de morceaux d'écorces. Les populations de Sibérie cachent des graines de
Pin nain de Sibérie (
Pinus pumila), parfois assez pour durer toute une année
2.
La Sittelle torchepot peut aussi cacher du pain, ainsi que des
chenilles ou d'autres larves après les avoir martelées du bec pour les
immobiliser
15.
Ces réserves sont une stratégie de long terme, et sont utilisées par
temps froid, quand la nourriture se fait rare, jusqu'à trois mois après
la cache. Les oiseaux utilisant des réserves ont une meilleure survie
que les autres.
On a observé que les oiseaux évitaient d'utiliser leurs cachettes dans
des conditions relativement bénignes, préférant les réserver pour les
périodes les plus rudes
17. Certaines de ses réserves n'ayant pas été consommées, il arrive que des
tournesols ou des
noisetiers se mettent à pousser sur des murs fendus ou sur l'écorce d'un arbre
18. Les productions de faînes par les
frênes
sont très variables d'une année sur l'autre, et là où cet arbre
représente une importante source de nourriture, le taux de survie des
adultes n'est pas affecté lors des mauvaises saisons, alors que le
nombre de juvéniles chute en automne, ceux-ci mourant de faim ou
d'épuisement à force de se déplacer
19. Des tendances similaires ont été observées là où le noisetier est l'espèce prédominante
20.
Reproduction
Une Sittelle torchepot à l'entrée de son nid, au
Royaume-Uni.
La Sittelle torchepot est monogame, et le couple occupe généralement son territoire à l'année
2. Celui-ci couvre deux à dix
hectares en Europe, mais jusqu'à
30,2 ha en moyenne dans les forêts de conifères de Sibérie, habitat sub-optimal
21. Le mâle chante pour défendre son territoire et pour attirer une partenaire. Les deux membres du couple exécutent une
parade nuptiale,
comptant un vol léger et tremblotant, et le mâle fait également des
vols en cercle avec la queue étalée et la tête relevée, et nourrit la
femelle
1.
Malgré l'appariement à vie, des recherches génétiques effectuées en
Allemagne ont montré qu'au moins 10 % des jeunes sont issus d'autres
mâles, généralement de territoires adjacents
22.
Un œuf de Sittelle torchepot.
Le nid est placé dans le trou d'un arbre, généralement un ancien nid de
pic,
mais parfois d'origine naturelle. Le nid est situé entre deux et vingt
mètres du sol. Parfois, la femelle élargit l'entrée d'un trou existant
dans le bois pourri. Si au contraire l'entrée est trop large, elle est
maçonnée avec de la boue, de l'argile ou parfois de la bouse pour la
réduire
2,
pratique qui vaut à l'oiseau son nom de « torchepot ». Les nids aux
entrées plus étroites sont moins victimes des prédateurs et ont donc un
plus grand succès reproducteur
23. Localement, une entrée étroite peut aussi éviter que des
Étourneaux sansonnets (
Sturnus vulgaris) s'approprient le nid
2,12.
L'intérieur du nid est grand, avec une épaisse couche d'écorce de pins
et divers copeaux de bois, parfois d'autres débris secs de végétaux en
son fond, dans lesquels les adultes enfoncent les œufs ou les petits
oisillons quand ils quittent le nid afin de limiter leur prédation. La
femelle réalise l'essentiel de la construction, et maçonne souvent
l'intérieur aussi. Cette tâche lui prend jusqu'à quatre semaines, et le
nid est souvent réutilisé d'une année sur l'autre
2.
Les jeunes au nid sont nourris par les adultes, qui repartent souvent en emportant un
sac fécal.
La femelle pond les œufs entre avril et juillet. La ponte compte
généralement six à neuf œufs, bien qu'il puisse y en avoir jusqu'à
treize. Ils mesurent en moyenne
19,5 × 14,4 mm pour
S. e. caesia3 et pèsent
2,3 g dont 6 % de coquille
24.
Ils sont blancs et tachetés de brun. La couvaison dure entre 13 et 18
jours, et est réalisée par la femelle seule, nourrie par le mâle. Les
oisillons sont nidicoles et sont nourris par les deux parents. Ils sont
prêts à l'envol à l'âge de 20-26 jours mais continuent à être alimentés
par les adultes jusqu'à leur indépendance pendant huit à quatorze jours
de plus. Il y a généralement une seule ponte par an, exceptionnellement
deux
3,24. La Sittelle torchepot est plus réticente à utiliser les nichoirs artificiels que les autres oiseaux nichant dans des cavités
12.
Quand elle le fait, le nombre d'œufs et de jeunes à l'envol est plus
élevé dans les grands nichoirs, alors qu'il ne sont pas liés à la taille
de la cavité dans les emplacements de nidification naturels
25.
La sédentarité de cette espèce implique que les jeunes ne peuvent
établir leur propre territoire qu'en trouvant un territoire inoccupé ou
en remplaçant un adulte mort. En Europe, les jeunes se déplacent
toujours vers un nouveau territoire, alors qu'en Sibérie, où les
territoires sont beaucoup plus vastes, la plupart vivent dans le
territoire d'adultes. Le taux de survie annuel (la proportion
d'individus passant l'année) est de 42-47 % en
Suède, 51-59 % en
Belgique et 67 % en
Sibérie26.
L'espérance de vie de cette sittelle est de deux ans mais le record
pour un oiseau sauvage est de 12 ans et 11 mois, au Royaume-Uni
27, et un individu suisse a vécu 10 ans et 6 mois
28.
Prédateurs et parasites
Le
Pic épeiche (
Dendrocopos major), répandu en
Eurasie
et qui fournit des sites de nidification aux sittelles, peut aussi être
un prédateur important des nids de la Sittelle torchepot.
Dans la majeure partie de son aire de répartition européenne, le principal prédateur de la Sittelle torchepot est l'
Épervier d'Europe (
Accipiter nisus)
29,30. L'
Autour des palombes (
A. gentilis)
31, le
Faucon hobereau (
Falco subbuteo)
32, la
Chouette hulotte (
Strix aluco)
33, la
Chevêchette d'Europe (
Glaucidium passerinum), la
Belette (
Mustela nivalis)
34,35 et la
Martre (
Martes martes)
18
sont aussi connus pour être prédateurs de l'espèce. Une étude suédoise a
montré que 6,2 % des nids de sittelles de la zone d'étude étaient
victimes de prédation. Les prédateurs n'ont pas été identifiés, mais sur
la même zone, le principal prédateur des nids de mésanges était le
Pic épeiche (
Dendrocopos major)
36.
L'
Étourneau sansonnet (
Sturnus vulgaris) peut s'approprier le nid de la Sittelle torchepot, surtout lorsque le nid est haut placé, réduisant son succès reproducteur
36. La
Perruche à collier (
Psittacula krameri),
espèce introduite en Europe, peut aussi concurrencer cette sittelle
pour l'accès au nid, mais les perruches ont plutôt tendance à habiter
les bois fragmentés des villes quand les sittelles privilégient les
grands peuplements de vieux chênes, ce qui limite la compétition. Une
étude menée en
Belgique
en 2010 a conclu que ces oiseaux ne posaient pas de problèmes trop
graves aux sittelles et que leur abattage n'était pas nécessaire
37.
L'acarien
Ptilonyssus sittae est connu pour parasiter les cavités nasales de la Sittelle torchepot
38,39. Parmi les vers intestinaux, on compte les
nématodes Capillaria parusi,
Aonchotheca longifilla40 et
Aonchotheca caudinflata41. L'espèce est aussi l'hôte d'
acanthocéphales comme
Mediorhynchus micracanthus et de
cestodes comme
Anonchotaenia globata,
Orthoskrjabinia bobica,
Capiuterilepis naja,
Hymenolepis clerci et
Passerilepis passeris41. Parmi les
trématodes trouvés chez
S. europaea, on recense
Platynosomum ventricosum,
Echinochasmus beleocephalus,
Laterotrema vexans,
Mosesia caprimulgi,
Urogonimus macrostomum,
Leucochloridium phragmitophila,
Plagiorchis elegans,
Plagiorchis maculosus et
Prosthogonimus ovatus41. De petites études en
Slovaquie et en
Espagne
n'ont pas décelé de parasites sanguins, mais des prospections plus
grandes réalisées en Espagne ont montré que cette sittelle pouvait être
infectée par
Plasmodium42,43,44.
Haemoproteus sittae, protozoaire sanguin initialement décrit chez la
Sittelle à poitrine blanche (
Sitta carolinensis)
45, parasite aussi la Sittelle torchepot
46.
Répartition et habitat
Distribution et déplacements
Répartition de l'espèce en saumon foncé. En noir, la répartition de la
Sittelle de Sibérie, autrefois considérée comme une sous-espèce de la torchepot.
Les zones de reproduction de la Sittelle torchepot s'étendent dans l'
hémisphère nord, à travers toute l'Eurasie tempérée, depuis la
Grande-Bretagne (mais pas l'
Irlande) jusqu'au
Japon3. Elle vit entre les
isothermes de juillet de 16 et
20 °C1, sans dépasser au nord le
64e parallèle dans l'Ouest de la Russie et le
69e parallèle en Sibérie, là où la
Sittelle de Sibérie (
S. arctica) se rencontre aussi. En Russie également, elle se rencontre dans le Sud jusqu'aux alentours des
54e-
55e parallèles, et également dans le Nord du
Kazakhstan et de la
Mongolie. En Europe, elle niche jusqu'aux côtes de la Méditerranée dans le Sud, mais pas sur les îles
mésogéennes à l'exception de la
Sicile. Elle peuple également quelques localités du
Rif marocain et certaines zones côtières ou montagneuses du
Proche-Orient. Dans l'Est, elle vit dans une majeure partie de la Chine orientale, sur
Taïwan et en
Corée3. Elle est erratique au
Liban47, sur les
îles Anglo-Normandes et
S. e. europaea a été signalée plusieurs fois en
Finlande qui abrite normalement la sous-espèce
S. e. asiatica1.
La plupart des populations sont sédentaires, à l'exception de la
dispersion des jeunes après la saison de reproduction, et l'espèce se
montre réticente à traverser ne serait-ce que de petites étendues d'eau.
Les nicheurs du nord et de l'est sont dépendants de l'approvisionnement
en graines par le
Pin de Sibérie (
Pinus sibirica), et lors des mauvaises saisons, la sous-espèce
S. e. asiatica peut se déplacer vers l'ouest, dans le Nord de la Suède et en Finlande en automne, y restant parfois pour nicher.
S. e. amurensis, du Sud-Est de la Russie et de Chine, descend souvent dans la péninsule coréenne en hiver
3.
Carte de répartition des différentes sous-espèces de la Sittelle torchepot en Asie ainsi que de la
Sittelle de Sibérie (
S. arctica)
11 :
- Sitta arctica
- Sitta europaea europaea
|
- Sitta europaea asiatica
- Sitta europaea albifrons
|
- Sitta europaea amurensis
- Sitta europaea amurensis forme « hondoensis »
|
Habitat
La Sittelle torchepot privilégie les vieilles forêts, avec de grands
et vieux arbres, qui lui fournissent à la fois une nourriture abondante
et des cavités pour nicher. En Europe, on la trouve plutôt dans les
forêts mixtes ou de feuillus, et notamment celles contenant du
chêne (
Quercus).
Cette espèce peut également vivre dans les parcs, les vieux vergers et
autres endroits boisés tant que ceux-ci offrent une parcelle d'un
hectare au moins d'habitat adapté. En montagne, la Sittelle torchepot
peut peupler les forêts d'épicéas et de pins, et les pins sont également
l'habitat privilégié sur
Taïwan.
Dans la majeure partie de la Russie, les conifères sont utilisés pour
nicher, mais les densités de population sont relativement basses. Au
Maroc, l'espèce niche dans les chênes, les
Cèdres de l'Atlas (
Cedrus atlantica) et les
sapins (
Abies). Parmi les habitats moins courants, on compte les genévriers nains (
Juniper) en Mongolie et des milieux rocailleux dans quelques zones du Sud de la Sibérie
2. La Sittelle torchepot est avant tout un oiseau de plaine dans le Nord de son aire de répartition, mais se trouve jusqu'à la
limite des arbres en
Suisse, à
1 200 m ou plus haut encore, et se reproduit même parfois à
1 800−2 100 m en
Autriche. Elle niche à des altitudes équivalentes dans les montagnes de
Turquie, du
Moyen-Orient et d'
Asie centrale.
Cette espèce est, en revanche, principalement montagnarde dans le Sud
du Japon et à Taïwan où elle vit respectivement entre 760 et
2 100 m et entre 800 et
3 300 m). Dans le Sud de la Chine, elle se trouve essentiellement à de basses altitudes, les montagnes étant occupées par la
Sittelle des Naga (
S. nagaensis)
2.
Systématique
Taxinomie
Dessin accompagnant la description originale de
Sitta caesia Wolf, 1810
48.
La Sittelle torchepot est décrite en 1758 par le naturaliste suédois
Carl von Linné dans son ouvrage
Systema Naturae et sous son nom scientifique actuel,
Sitta europaea49. Cette description concerne la sous-espèce type,
S. europaea europaea,
au ventre blanc, qui se trouve dans le Sud de la Scandinavie où vit
Linné, et dans le Nord-Est de l'Europe jusque dans l'Ouest de la Russie.
Le nom du genre dérive du
grec ancien σίττη (
sittè), trouvé dans l'
Histoire des animaux d'
Aristote, et peut-être dérivé du chant de la Sittelle torchepot ou plus probablement de la
Sittelle de Neumayer (
S. neumayer). Par la suite, de très nombreux taxons aujourd'hui considérés comme sous-espèces ou comme synonymes de
S. europaea sont décrits, à commencer par
S. europaea caesia,
la sous-espèce aux parties inférieures chamoisées et à la gorge blanche
peuplant l'essentiel de l'Europe de l'Ouest, décrite dès 1810 par
l'ornithologue allemand
Johann Wolf48. Dans le découpage en sous-genres du genre
Sitta, peu utilisé, la Sittelle torchepot est placée dans
Sitta (Sitta) Linnaeus, 175850. La Sittelle torchepot forme une super-espèce avec la
Sittelle de Sibérie (
S. arctica), la
Sittelle des Naga (
S. nagaensis), la
Sittelle du Cachemire (
S. cashmirensis), la
Sittelle indienne (
S. castanea), la
Sittelle de Blyth (
S. cinnamoventris) et la
Sittelle d'Indochine (
S. neglecta), et les formes qui la composent se remplacent géographiquement les unes les autres à travers l'
Eurasie3. La
Sittelle de Sibérie (
S. arctica) était jusqu'en 2006 généralement considérée comme une sous-espèce de la torchepot mais elle vit pourtant partiellement en
sympatrie avec
Sitta europaea sans s'hybrider (ou très peu) pour autant
11,51.
Plus généralement tous les taxons formant le « groupe
europaea » ne sont pas toujours reconnus comme espèces à part entière. Le groupe de sous-espèces «
caesia », peuplant une grande partie de l'Europe jusqu'au Moyen-Orient, est parfois considéré comme distinct du groupe «
europaea » (de Scandinavie et de Russie) avec une zone d'hybridation importante de la
Baltique à la
mer Noire52.
Sous-espèces
De nombreuses formes ont été décrites chez la Sittelle torchepot, et
leur validité en tant que sous-espèce est fluctuante, avec parfois plus
d'une vingtaine reconnues. Elles sont regroupées en trois groupes :
S. e. caesia, aux parties inférieures chamoisées mais à la gorge blanche, d'
Europe, d'
Afrique du Nord et du
Moyen-Orient,
S. e. europaea aux parties inférieures entièrement blanches, de
Scandinavie, de
Russie, du
Japon et du Nord de la
Chine et
S. e. sinensis aux parties inférieures entièrement chamoisées, du Sud et de l'Est de la
Chine et de
Taïwan.
Ces groupes auraient pu être isolés les uns des autres jusqu'à
récemment, mais des oiseaux d'apparences intermédiaires se rencontrent
aux zones de chevauchement. Selon le
Congrès ornithologique international (version 6.4, 2016)
53 et
Alan P. Peterson54 il existe vingt-et-une
sous-espèces :
- Sitta europaea caesia Wolf, 1810, de l'Ouest et centre de l'Europe ;
- Sitta europaea europaea Linnaeus, 1758, du Nord et de l'Est de l'Europe ;
- Sitta europaea hispaniensis Witherby, 1913, de la péninsule Ibérique et du Maroc ;
- Sitta europaea cisalpina Sachtleben, 1919, de Suisse, Croatie, Italie et Sicile ;
- Sitta europaea levantina Hartert, 1905, du Sud de la Turquie, Nord de la Syrie et Nord du Liban ;
- Sitta europaea persica Witherby, 1903, du Sud-Est de la Turquie, Nord de l'Irak et Ouest de l'Iran ;
- Sitta europaea caucasica Reichenow, 1901, du Nord-Est de la Turquie jusqu'au Sud-Ouest de la Russie ;
- Sitta europaea rubiginosa Tschusi & Zarudny, 1905, du Nord de l'Iran et Azerbaïdjan ;
- Sitta europaea asiatica Gould, 1835, dans le centre et l'ouest du Sud de la Sibérie, du nord du Kazakhstan à l'Ouest de la Mongolie ;
- Sitta europaea baicalensis Taczanowski, 1882, de l'est de la Sibérie au centre de la Mongolie ;
- Sitta europaea albifrons Taczanowski, 1882, du Nord-Est de la Sibérie et Nord des îles Kouriles ;
- Sitta europaea sakhalinensis Buturlin, 1916, de Sakhaline ;
- Sitta europaea takatsukasai Momiyama, 1931, du centre et du Sud des îles Kouriles ;
- Sitta europaea clara Stejneger, 1887, du Sud des îles Kouriles et à Hokkaidō (Japon) ;
- Sitta europaea hondoensis Buturlin, 1916, de Honshū au Nord de Kyūshū (Japon) ;
- Sitta europaea amurensis Swinhoe, 1871, du Sud-Est de la Sibérie, Corée, centre et Sud du Japon et du Hebei jusqu'au Nord-Est de la Mandchourie ;
- Sitta europaea roseilia Bonaparte, 1850, du Sud de Kyushu ;
- Sitta europaea bedfordi Ogilvie-Grant, 1909, de Jeju-do ;
- Sitta europaea seorsa Portenko, 1955, du Nord-Ouest de la Chine ;
- Sitta europaea sinensis J. Verreaux, 1871, du centre-Nord et Est de la Chine ;
- Sitta europaea formosana Buturlin, 1911, de Taïwan
-
Sitta europaea asiatica, avec le sourcil et la base du front blancs. Le brun-roux du croupion est peu étendu.
-
Sitta europaea europaea, individu à ventre blanc, comme en Scandinavie et dans l'Ouest de la Russie.
-
Sitta europaea caesia, peuplant l'Europe continentale.
-
Sitta europaea sinensis, sous-espèce aux parties inférieures de couleurs prononcées.
Hybrides observés
Différentes
sous-espèces de la Sittelle torchepot peuvent s'hybrider quand leurs
aires de répartition entrent en contact, voire avec d'autres espèces
proches. Par ordre alphabétique, on a notamment observé les hybrides
suivants
52 :
- Sitta (europaea) caesia × Sitta europaea europaea, quand Sitta (europaea) caesia est considérée en tant qu'espèce à part entière, est un hybride fréquent dans la nature (de la mer Baltique à la mer Noire) ;
- Sitta cashmirensis × Sitta (europaea) sinensis, hybride observé en captivité pour deux espèces aux répartitions disjointes ;
- Sitta castanea × Sitta (europaea) sinensis, hybride observé en captivité pour deux espèces aux répartitions disjointes ;
- Sitta europaea europaea × Sitta (europaea) sinensis, quand Sitta (europaea) sinensis
est considérée en tant qu'espèce à part entière, hybride fréquent dans
la nature (Nord-Est de la Chine) et correspondant peut-être à la
sous-espèce Sitta europaea amurensis ;
- Sitta nagaensis × Sitta (europaea) sinensis, hybride supposé, mais probablement fréquent (Sud de la Chine), et correspondant peut-être à la sous-espèce Sitta nagaensis montium.
Phylogénie
Extrait de la phylogénie des
sittelles selon Pasquet et al. (2014)55 : |
- clade statistiquement peu soutenu
|
En 2014, Éric Pasquet
et al. publient une phylogénie fondée sur l'ADN nucléaire et mitochondrial de 21 espèces de sittelles
55. Le groupe «
europaea » est rapproché des deux sittelles des milieux rocheux, la
Sittelle de Neumayer (
S. neumayer) et la
Sittelle des rochers (
S. tephronota), et ces deux
clades divergent l'un de l'autre il y a treize millions d'années. Au sein du groupe «
europaea », la
Sittelle de l'Himalaya (
S. himalayensis) — et par conséquent la
Sittelle du Victoria (
S. victoriae), bien qu'elle ne soit pas incluse dans l'étude — apparaît comme basale, et la Sittelle torchepot est rapprochée de la
Sittelle des Naga (
S. nagaensis) et de la
Sittelle du Cachemire (
S. cashmirensis). La
Sittelle indienne (
S. castanea), la
Sittelle de Blyth (
S. cinnamoventris), la
Sittelle d'Indochine (
S. neglecta) et la
Sittelle de Sibérie (
S. arctica) ne sont pas incluses dans l'étude. Toutes les espèces du groupe «
europaea » maçonnent l'entrée de leur nid
55.
La Sittelle torchepot et l'homme
Dans la culture
Dans l'
Edda poétique, recueil de poèmes du
XIIIe siècle sur la
mythologie nordique,
un poème narre l'histoire d'un jeune aventurier, Sigurth, qui allié au
nain Regin, tue le dragon Fafnir. Il absorbe un peu de sang du dragon et
se met alors à comprendre le langage des sittelles autour de lui. Elles
le préviennent de la traîtrise du nain qui veut le tuer pour s'emparer
seul du trésor du dragon. Sigurth tue alors Regin puis, guidé par les
sittelles, se rend au siège du royaume avec le trésor, où il épousera
une belle princesse
56.
Le naturaliste français
Georges-Louis Leclerc de Buffon rapporte et commente dans son
Histoire naturelle un commentaire de
Pierre Belon à propos des relations entre les partenaires sittelles :
« « Les
paysans ont observé, dit Belon, que le mâle bat sa femelle quand il la
trouve qu'elle s'est départie de lui, dont ils ont fait un proverbe pour
un qui se conduit sagement en ménage, qu'il ressemble au torche-pot »
mais quoi qu'il en soit de la sagesse des maris, je ne crois point que,
dans ce cas particulier, celui-ci ait la moindre intention de battre sa
femme; je croirais bien plutôt que cette femelle, qui se fait désirer si
long-temps avant la ponte, est la première à se retirer après
l'éducation de la famille, et que lorsque le mâle la rencontre après une
absence un peu longue, il l'accueille par des caresses d'autant plus
vives, même un peu brusques, et que des gens qui n'y regardent pas de si
près, auront prises pour de mauvais traitements »57.
Menaces et protection
La Sittelle torchepot est largement répandue, son aire de répartition connue étant proche de
23 300 000 km2 et couvrant une grande partie des habitats disponibles et adaptés
58,59.
On estime qu'il existe en Europe de 22,5 à 57 millions d'individus,
soit une population totale comptant entre 45,9 et 228 millions
d'individus, les effectifs étant globalement stables. La Chine, Taïwan,
la Corée, le Japon et la Russie comptent au moins chacun entre 10 000 et
100 000 couples reproducteurs
58. Pour ces raisons, l'espèce est considérée comme de «
préoccupation mineure » par l'
Union internationale pour la conservation de la nature47.
C'est une espèce commune sur l'essentiel de son aire de répartition,
bien que les densités soient plus faibles le plus au nord et dans les
forêts de conifères. Les effectifs de Sibérie fluctuent selon les
disponibilités de pommes de pin
3. Lors des dernières décennies, la Sittelle torchepot a colonisé l'
Écosse et les
Pays-Bas, et a augmenté sa distribution au
pays de Galles, dans le Nord de l'Angleterre, en
Norvège et dans le
Haut Atlas.
S. e. asiatica
se reproduit parfois en Finlande et dans le Nord de la Suède au gré
d'irruptions. Sa dépendance aux gros arbres peut causer des déclins
locaux en cas de destruction ou de fragmentation de vieux boisements
1.
Une étude de 2009 a essayé de prédire l'impact que pourront avoir les
changements climatiques sur la répartition de plusieurs espèces de
sittelles en Asie, en modélisant deux scénarios ; la Sittelle torchepot
pourrait voir sa distribution diminuer de 64,7 à 64,8 %
60.
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